1/ Maitre Renard: Qui êtes- vous Ludovic Lecomte? Pouvez-vous vous définir en quelques phrases? Depuis quand écrivez-vous?
Ludovic Lecomte: Pas simple cette première question! Si on reste dans le champ littéraire qui nous intéresse aujourd’hui, alors je suis d’abord un passionné de lecture et de livres! Mais la lecture n’est pas un loisir solitaire, ce que je préfère c’est partager ce que j’aime, ce que je découvre, conseiller et prêter des livres. Parce que j’achète beaucoup de livres, je ne suis inscrit dans aucune bibliothèque, j’aime posséder les livres, les ranger, les classer, et les prêter quand je les ai aimés!
Une photo de moi dans un pull acheté spécialement pour la sortie de Si par hasard… parce que le pull à tête de renne est un clin d’oeil que l’on retrouve dans le roman, en lien avec l’un des dix cadenas. Mais je ne le porte pas tous les jours…
2/ Vous publiez ces jours-ci votre 3ème roman « Si par hasard… » aux éditions Ella. Quel en est le thème?
Le thème est celui de la rencontre entre des hommes et des femmes que rien ne semblait devoir réunir et dont les routes ne devaient pas se croiser. Julien est un étudiant parisien qui récupère dix cadenas parmi les milliers qui viennent d’être retirés du pont des Arts par la mairie de Paris. Il les choisit parce qu’ils possèdent un signe, une inscription, quelque chose qui permet de les reconnaitre. Il a décidé de retrouver les amoureux qui les y ont accrochés et de leur rendre ces cadenas. Avec l’aide des réseaux sociaux, il se lance dans l’aventure, va de rencontres en rencontres et finalement, ce geste qui paraît très altruiste au départ va provoquer de grands bouleversements pour lui et sa meilleure amie Marine qu’il a embarquée dans l’aventure.
Un des cadenas du roman, celui au coeur Jaune. Mais je ne peux vous dire à qui il appartenait… réponse le 11 février, en lisant le roman.
Puisque j’utilisais beaucoup internet dans le roman, j’ai décidé d’en faire un roman en partie épistolaire moderne, où les personnages s’échangent des emails.
3/ L’idée d’associer les cadenas d’amour à un roman échange de mails est tout à fait originale: Comment vous est venue l’idée de ce roman?
Je me souviens avoir entendu à la radio l’annonce de cette chute d’un des parapets et la décision de la ville de Paris de retirer les cadenas, et m’être imaginé tout de suite la situation des employés de la mairie lorsqu’ils auraient à retirer, sous les yeux du public, ces cadenas qui sont des symboles à forte connotation, pour ceux qui les avaient accrochés. Et déjà je me suis dit que ce serait un sujet intéressant pour écrire.
Le panneau posé à l’entrée du pont des Arts depuis le retrait des cadenas.
Puis à l’occasion d’un atelier d’écriture auquel je participe régulièrement, une photo d’un cadenas sur un grillage m’a permis de mettre en mot ce personnage qui retire les cadenas, et d’aller plus loin en imaginant qu’il en gardait un pour le rendre aux amoureux, comme pour se faire pardonner de les avoir tous retirés. L’idée du roman avait germé!
Ensuite, j’ai été contacté par une maison d’éditions intéressée par l’histoire, et je me suis lancé dans l’écriture.
4/ Le tour de force de « Si par hasard… », c’est sa construction avec 10 histoires toutes fort différentes, toutes fort intéressantes. C’était votre défi? Pourquoi avoir choisi les premiers mots de la chanson de Brassens « Le Vent » comme titre de votre livre?
Une caricature de Brassens par les chats pelés, un collectif d’artistes parmi lesquels Christian Olivier, chanteur des Tetes raides, un autre groupe important de ma culture musicale.
Oui, effectivement en débutant l’écriture avec l’idée de parler de 10 cadenas, il était impératif de ne pas écrire dix fois la même histoire! Chaque nouveau cadenas devait surprendre le lecteur de façon différente. Et puis les premières relectrices ont soumis l’idée que Julien, le héros narrateur, devait tirer quelque chose de cette aventure, pas seulement le faire par altruisme. Alors le personnage de Marine et lui ont pris de l’épaisseur, et j’ai eu beaucoup de plaisir à imaginer une histoire parallèle à celle des cadenas.
Brassens, bien que ce ne soit pas ma génération, fait parti de mes classiques. Je l’ai écouté très tôt, à la faveur d’un « best of » présent chez mes parents et que je me suis très vite approprié. J’aime sa faculté à camper des personnages, une histoire et tellement de poésie en quelques vers. Beaucoup des chansons de Brassens sont des romans possibles! Et puis j’aime la manière dont il utilise la langue, chaque mot est pesé, précis. Je me souviens que je chantais quelques vers sans en comprendre le sens, mais parce qu’ils sonnaient bien.
Chemin faisant, que ce fut tendre
D’ouïr à deux le chant joli
Que l’eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie.
J’ai compris bien plus tard ce que voulait dire ce vers : ouïr à deux !
Quand il a fallu trouver un titre au roman, j’ai pensé à la chanson de Brassens qui évoque le pont des Arts, et les rencontres de Julien dans le roman sont tellement liées au hasard (pourquoi a-t-il pris ce cadenas plutôt qu’un autre?) que j’ai aimé le titre, auquel s’ajoutent les points de suspension… comme une porte ouverte.
5/ Avez-vous cédé vous-même à la mode des cadenas d’amour? Que pensez-vous de cette tradition vieille d’une quinzaine d’années? Il y a-t-il une part d’autobiographie dans votre livre?
Un parapluie ! Comme dans la chanson de Brassens. Et ça tombe bien, parce que celui-ci est aussi dans Si par hasard… comme le pull…
La dédicace du roman apporte une partie de la réponse. J’avoue ne pas tout à fait comprendre comment le cadenas, objet usuel s’il en est, et dont la fonction première est d’attacher, de lier, de retenir, peut symboliser l’amour que l’on porte à quelqu’un. Et alors quand, faute de place sur le grillage du pont, les cadenas sont mêlés les uns aux autres, je comprends encore moins quelle valeur cela peut avoir! Je n’ai donc pas accroché de cadenas, par contre il y a dans le roman des clins d’œil autobiographiques, le groupe de musique et les paroles de chanson par exemple.
6/ Votre histoire est très grand public, « romantique », « fleur bleue » sans que ce soit péjoratif. Il devrait rencontrer un très large succès mérité au moment même de la Saint Valentin. Ce troisième livre présente-t-il une évolution par rapport à vos deux précédents ouvrages? Un quatrième est-il en route ou dans les tiroirs? Avec la même fraîcheur que celui-ci?
Une magnifique photo de Julien Ribot et dont le lien avec le roman est bien plus que la présence des cadenas. Rendez-vous le 11 février pour comprendre !
Comme pour les deux ouvrages précédents, je m’étais fixé une contrainte d’écriture, qui m’oblige à réfléchir différemment et donne finalement un plus à l’histoire. Ici il s’agissait de raconter toute l’histoire sous forme épistolaire, ce qui était le cas du premier jet! Finalement, j’ai ajouté, après plusieurs conseils de lecteurs, des passages narratifs qui donnent du souffle à l’histoire.
En terme d’évolution, j’ai progressé, je crois, sous l’impulsion du travail mené avec Christophe Prat, mon éditeur, sur la place du lecteur. On a relu et modifié en essayant de ne pas tout dire, tout écrire, mais en laissant une place au lecteur pour qu’il imagine les non-dits, déduise les sentiments des personnages à travers leurs gestes, etc… et donc qu’il soit actif. De ce point de vue, ce troisième ouvrage est différent du premier, beaucoup plus travaillé.
Je continue à écrire, bien sûr, j’ai beaucoup d’idées, de projets, des albums enfant, un roman ado, des comptines, des chansons pour le groupe dans lequel je joue, et j’ai envie de revenir aux nouvelles avec une idée qui a germé cet été alors que j’attendais la relecture éditoriale de Si par hasard… je ne peux pas en dire plus, mais j’ai beaucoup d’idées et d’envie, et pour répondre complètement à la question, l’ambiance qui domine dans ce roman est celle que j’aime en tant que lecteur, il n’y a pas de raison que mes prochains ouvrages soient différents.
Un jour quelqu’un m’a donné ce conseil : « écris ce que tu aimerais lire! » C’est ce que je fais!
Mais pour le moment je vais me consacrer à faire vivre mes histoires de cadenas, c’est une nouvelle étape qui commence, quand le livre vous échappe, qu’il ne vous appartient plus, mais devient celui du lecteur qui va l’aimer, le critiquer, le partager. C’est aussi un moment fort du parcours, la rencontre des lecteurs et le partage autour de l’histoire, le même que celui que j’évoquais en réponse à votre première question!
Et cela commence à la librairie « Plaisir de Lire » à Nogent le Rotrou qui m’accueille le 11 février toute la journée, à partir de 10h. Je suis très impatient d’être à samedi prochain, afin de rencontrer les lecteurs
Commentaires sur: "Interview expresse de Ludovic Lecomte auteur de « Si par hasard… » Editions Ella" (2)
Oups! j’ai loupé la lecture
de quelques épisodes…
Vite, j’y retourne…
Merci de cet interview de Ludovic Lecomte 🙂
Mes salutations Maitre Renard
Super Chouette, cette interview !