S'il te plaît, apprivoise-moi…

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Poésie de Belloue des Sources: Patratrac

Patatrac


Patatrac
C’est quoi, c’est qui, qui craque
C’est qui par terre
C’est qui ce cœur
Qui vole en l’air
Ce cœur qui fout l’ camp
Avant l’heure

Patatrac
Encore un corps qu’est tombé
Y a du noir qui sort des armoires
Y a des échines courbées
Y a des fleurs en couronnes,  des plaques
Des tas d’personnes
Y a des mouchoirs
Des signes de croix
Des nez qui s’mouchent
Et puis des bouches
Qui marmonnent
Des bouches
Qui n’savent pas quoi dire
Des bouches
Qui n’peuvent pas y croire
Et puis des bouches
D’au revoir
Qui préfèrent écrire

Patatrac
C’est quoi, c’est qui, qu’attaque
Encore cette maladie
Et pourquoi c’est elle
Et Pourquoi c’est pas lui
Et Pourquoi c’est pas moi
Qu’est parti
Et Pourquoi on dit : c’est la vie
Et pourquoi faut-il des jours comme çà
Pour voir qu’ici-bas
On est tout petit, tout petit
Et pourquoi, et pourquoi …

Patatrac
C’est qui, c’est quoi dans c’ tas d’sacs
Ça sert à quoi ces morceaux d’vie
Qu’on entasse
Pour quoi faire
On sait bien qu’une fois parti
Nos affaires, nos reliques
Les autres
Les ramassent,
Et puis sans attendre
S’en débarrassent
Les fourguent
Au secours catholique
A Emmaüs
Ou s’en vont les vendre
Au marché aux puces

Patatrac
Encore un corps qui bivouaque
Encore un, encore une
Qui part en avance
Pour d’éternelles vacances

Patatrac
Encore un, encore une
Encore un corps qui bivouaque
A travers ciel
Entre le soleil
les étoiles et la lune

Patatrac,
Patatrac…

Les deux premières illustrations sont des créations de Mary (blog: la valise de calibre) qui me les as envoyées pour la saint Valentin . Les photos ont été prises hier au château de Maillebois, la tanière locative de ma renarde Anne depuis 18 ans, notre tanière depuis le 7 janvier 2015. Quelle chance d’avoir vécu dans ce domaine de 300 hectares mais ce n’est rien à côté de la chance d’avoir vécu aux côtés d’Anne!

Merci à vous Belloue des Sources pour vos deux derniers textes, si justes, si délicats, brefs qui vous ressemblent tant… Merci pour les larmes qu’ils m’ont fait verser…

Hommage: Poésie de Belloue des Sources: De là-haut

De là-haut

                            ( A Oïa, Santorin, Grèce en octobre 2016)

Ne crois pas
Que de là-haut
Je ne te vois pas
Quand tu m’envoies ta prière
D’enfant de cœur
Ne crois pas
Que de là-haut
Je ne te vois pas
Avec ton air d’enfant sage
Tes yeux rêveurs
Qui se perdent dans les nuages
Ton regard
Qui dévoilent les étoiles

Ne crois pas
Que de là-haut
Je ne t’entende pas
Quand tu continues en bas
Tes taquineries
De grand bêta
Quand tu dis
Qu’avec mes étranges chapeaux
Là-haut
J’vais faire peur aux anges
Et aux oiseaux

Ne crois pas
Que de là-haut
Je ne t’entende pas
Quand tu cognes du poing
Sur ta poitrine
Ne crois pas
Que j’habite plus loin
Que ta chambre voisine
Ne crois pas
Que de là-haut
Je ne t’entende pas
Quand ton cœur grince

Crois à notre jardin
Crois à la roseraie
De notre Petit Prince
Où je me promènerai
Et attend toi
Chaque matin
A trouver devant ta porte
Une rose
Qui n’est pas morte

Poésie: « La mouette et le goéland » de Belloue des Sources

La mouette et le goéland

Une petite mouette
dans les bras de l’océan se laisse porter

Au dessus d’elle un goéland
ne cesse de battre des ailes et d’appeler

Petite mouette, viens, viens !

Mais, la petite mouette
dans les bras de l’océan, reste muette

Petite mouette, viens, viens !

J’ai peur, j’ai peur Goéland,
je ne sais plus comment voler dans le vent
mes plumes semblent mortes
et mes ailes si frêles
C’est l’océan qui me porte
j’ai peur, j’ai peur

N’aies pas peur petite mouette
je connais les courants
je t’apprendrai à voler dans le vent
s’il le faut je te porterai sur mon dos
je te prêterai mes ailes
n’ai pas peur, viens, viens

J’ai trop peur Goéland
d’étranges nuées noires
ont chassé tous les nuages blancs
et au soir j’entends
si fort souffler l’ouragan
j’ai si peur, si peur

N’aies pas peur petite mouette
Là-haut dans les nuages cuivrés
je connais des cachettes
Sous un oreiller de clair de lune
je soignerai tes plumes
je guérirai ta voix
et on accrochera nos chuchotis
aux branchages des étoiles
et on accordera nos cris
aux cordes des harpes de printemps
N’aies pas peur, on trouvera
cette cité bleue
où volent les oiseaux de feu
viens, viens petite mouette, viens !

RETOUR

Oh Goéland
j’entends ton cri si grand
et voilà que mes ailes se déploient
et voilà que je redécouvre ma voix
je n’ai plus peur
Tant de fois j’ai rêvé cet endroit
où les oiseaux sont des rois
Si souvent j’ai rêvé
leurs plumages d’or

Oh Goéland !
mon cœur n’est pas mort
Je n’ai plus peur
arrache moi à l’océan
je veux crier dans le vent
et dans l’immense cité bleue
je veux, je veux, voler
comme ces oiseaux de feu
Oh goéland, emporte moi, emporte moi…

Et au-dessus de l’océan
portée par les ailes d’un grand Goéland
dans les raies du soleil
la petite mouette s’envole …

Poésie: Le Bal des papillons blancs par Belloue des Sources

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Le bal des papillons blancs

On les aurait dits
tombés du Paradis
Beaux à croquer
Beaux à faire craquer
Le ciel d’été

Toujours est-il
Qu’on les a vus
tourner, virevolter
comme deux jeunes premiers
La nature, il faut le dire
les avait gâtés d’une élégance, d’un raffiné
et d’un talent à faire jaser
toutes les sales langues du quartier

Au bal des débutants
dansaient au grand jour
dansaient comme des grands
deux papillons blancs

On peut dire
Qu’ils eurent cette chance
d’être nés en même temps
faits pour la danse, faits pour s’aimer
nos deux papillons blancs
Et sous les pommiers
ils s’aimèrent, s’aimèrent autant
et peut-être plus
qu’Eve et Adam
Ils s’aimèrent à en oublier
de boire et de manger
Et sous les pommiers
ils dansèrent longtemps, longtemps
comme des perdus
éperdument

Est-il ailleurs que sur la terre
cette danse primesautière
ce tango des condamnés
ce pas de valse éphémère
qui vit et meurt
dans la même journée

Toujours est-il
qu’ils sont nés,
qu’ils ont vécu
autant qu’ils ont pu

Ils ont dansé à se saouler
comme des damnés
Ils ont joué leur rôle,
de jeunes premiers
épaule contre épaule
sans se soucier

On les aurait dits
tombés du Paradis
beaux comme des enfants
à jouer leur vie
sans perdre de temps
et à danser leur bel amour
d’un jour

Au bal des débutants
On les aurait dits
si grands, si grands
nos deux papillons blancs

Belloue des Sources

Illustration de l’auteur

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