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Chansons amoureuses pour Marie: Brassens et Bécaud chantent les marchés

Au marché de Brive-la-Gaillarde
À propos de bottes d’oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon.
À pied, à cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l’aventure
D’interrompre l’échauffourée.

Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C’est un usag’ bien établi,
Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie.
Ces furies perdant toute mesure
Se ruèrent sur les guignols,
Et donnèrent je vous l’assure
Un spectacle assez croquignol.

En voyant ces braves pandores
Être à deux doigts de succomber,
Moi, j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées.
De la mansarde où je réside
J’excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant : »Hip, hip, hip, hourra ! »

Frénétiqu’ l’une d’elle attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier : « Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l’anarchie ! »
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d’un de ces lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu’elle serre comme un étau.

La plus grasse de ces femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grands coups de mamelles
Ceux qui passent à sa portée.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s’lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus belle de tous les temps.

Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons,
Ces furies – à peine si j’ose
Le dire tellement c’est bas –
Leur auraient même coupé les choses,
Par bonheur ils n’en avaient pas.

Georges BRASSENS (1921 – 1981)
Hécatombe : 1953

hécatombe : dans l’Antiquité, sacrifice de cent boeufs. D’où massacre
cogne et pandore : gendarme (mots populaires)
bicher : être content (populaire)
croquignol : amusant et bizarre (familier)
gnon : coup (familier)

Chansons pour Marie: trois incontournables de Georges Brassens

Disparu il y a tout juste 35 ans, les chansons de Georges Brassens sont toujours là, toujours aussi actuelles, toujours aussi enchanteresses. Trois de ses plus belles, partant d’autres. A signaler la sortie la sortie d’un album « Paroles de Brassens » interprétées par une vingtaine de comédiens.

 

Au village, sans prétention
J’ai mauvaise réputation
Qu’je m’démène ou qu’je reste coi
Je pass’ pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fait pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme

Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi
Sauf les muets, ça va de soi

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n’écoutant pas le clairon qui sonne

Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi

Quand j’croise un voleur malchanceux
Poursuivi par un cul-terreux
J’lance la patte et pourquoi le taire
Le cul-terreux s’retrouv’ par terre
Je ne fait pourtant de tort à personne
En laissant courir les voleurs de pommes

Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde se rue sur moi
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi

Pas besoin d’être Jérémie
Pour d’viner l’sort qui m’est promis
S’ils trouv’nt une corde à leur goû t
Ils me la passeront au cou
Je ne fait pourtant de tort à personne
En suivant les ch’mins qui n’mènent pas à Rome

Mais les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout l’mond’ viendra me voir pendu
Sauf les aveugles, bien entendu

Quand ils sont tout neufs
Qu’ils sortent de l’œuf
Du cocon
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons
Quand ils sont d’venus
Des têtes chenues
Des grisons
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons
Moi, qui balance entre deux âges
J’leur adresse à tous un message

[Refrain] :
Le temps ne fait rien à l’affaire
Quand on est con, on est con
Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d’la dernière averse
Vieux cons des neiges d’antan

Vous, les cons naissants
Les cons innocents
Les jeun’s cons
Qui n’le niez pas
Prenez les papas
Pour des cons
Vous, les cons âgés
Les cons usagés
Les vieux cons
Qui, confessez-le
Prenez les p’tits bleus
Pour des cons
Méditez l’impartial message
D’un type qui balance entre deux âges

[Refrain]

Chanson amoureuse pour Marie: « Un petit coin de parapluie » par Georges Brassens

Il pleuvait fort sur la grand-route,
Elle cheminait sans parapluie,
J’en avais un, volé, sans doute,
Le matin même à un ami.
Courant alors à sa rescousse,
Je lui propose un peu d’abri.
En séchant l’eau de sa frimousse,
D’un air très doux elle m’a dit « oui ».

Un p’tit coin d’ parapluie,
Contre un coin d’ paradis.
Elle avait quelque chose d’un ange,
Un p’tit coin d’ paradis,
Contre un coin d’ parapluie.
Je n’ perdais pas au change pardi !

Parap-SortirDuLot

Chemin faisant que ce fut tendre
D’ouïr à deux le chant joli
Que l’eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie !
J’aurais voulu comme au déluge,
Voir sans arrêt tomber la pluie,
Pour la garder sous mon refuge,

Quarante jours, quarante nuits.

Un p’tit coin d’ parapluie,
Contre un coin d’ paradis.
Elle avait quelque chose d’un ange,
Un p’tit coin d’ paradis,
Contre un coin d’ parapluie.
Je n’ perdais pas au change pardi !

Mais bêtement, même en orage,
Les routes vont vers des pays.
Bientôt le sien fit un barrage
A l’horizon de ma folie !
Il a fallu qu’elle me quitte,
Après m’avoir dit grand merci.
Et je l’ai vue toute petite,
Partir gaiement vers mon oubli

Un p’tit coin d’ parapluie,
Contre un coin d’ paradis.
Elle avait quelque chose d’un ange,
Un p’tit coin d’ paradis,
Contre un coin d’ parapluie.
Je n’ perdais pas au change pardi !

Chanson amoureuse pour Marie:  » Saturne » par Philippe Léotard/ GeorgesBrassens

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