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Le savez-vous? Expressions « Yoyoter de la touffe » et « Se monter le bourrichon »

Yoyoter de la touffe

Expression : « Il yoyote de la touffe ! »

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Ce qu’elle veut dire : Il divague, il déraisonne, il fait ou dit n’importe quoi…

Origine : Selon Bernard Pivot (dans son recueil  »100 expressions à sauver »), le verbe « yoyoter » viendrait de l’argot des prisons, et serait inspiré du « yoyo » : tout comme le yoyo monte et descend le long de son fil de manière répétitive et un peu absurde, celui qui « yoyote » perd son temps à divaguer, à ne rien faire d’utile, à revenir toujours au même point.La « touffe » désigne ici la tête (la touffe de cheveux, bien sûr), non pas le sexe féminin comme c’est souvent le cas en argot. Celui qui « yoyote de la touffe » divague dans sa tête…

Autres expressions : Les expressions qui désignent les fous ou la folie sont très nombreuses et souvent très imagées : « Avoir un petit vélo dans la tête » ou « Avoir une araignée au plafond » ne sont plus très utilisées, mais « être fêlé » et ses innombrables variations restent très populaires : être secoué, frappé ou frappadingue, fêlé de la cafetière ou du caisson, voire, pour les plus vulgaires, être « baisé de la caisse »… D’autres expressions populaires : « avoir pété une durite, un boulon, une pile, une vis… » ou encore « avoir fondu les plombs ».

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Se monter le bourrichon

Expression : « Arrête de te monter le bourrichon ! »

Ce qu’elle veut dire : Arrête de te faire des illusions, des idées…

Origine : Le bourrichon est un dérivé de « bourriche », qui désigne un panier (comme la bourriche d’huîtres, par exemple). Et, en argot, c’est l’un des très nombreux nom de récipients utilisés pour dire « la tête » (comme la cafetière, la carafe…). »Se monter la tête » (peut-être jusqu’à l’avoir « dans les nuages »), c’est perdre le contact avec la réalité terre-à-terre, s’imaginer des choses peu ou pas du tout réalistes. L’expression a ses lettres de noblesse, puisqu’on la retrouve notamment sous la plume de Gustave Flaubert…

Variantes et autres expressions : On peut aussi « monter le bourrichon à quelqu’un », auquel cas on lui raconte des histoires dans le but de le tromper, de le « mener en bateau » (pour mieux le perdre en mer, sans doute).Il faut noter que l’expression « bourrer le mou » à quelqu’un n’a pas tout à fait la même signification : elle signifie plutôt « casser les pieds » ou « casser la tête » à quelqu’un, en lui répétant sans cesse les mêmes choses.

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(source C. Bajot)

 

Le saviez-vous? Origine des expressions « S’en tamponner le coquillard » et « à tire-larigot »

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S’en tamponner le coquillard
Expression : « Je m’en tamponne le coquillard ! »

Ce qu’elle veut dire : Je m’en moque complètement…

Origine : Apparue au XIXe siècle, l’expression serait une des nombreuses variantes et déclinaisons de « je m’en bats l’œil » (ou « je m’en bats les fesses »*), Dire, en général des propos de quelqu’un, que l’on s’en « tamponne », c’est donc une autre façon de dire que l’on considère que les dits propos ont autant de valeur que le papier avec lequel on se torche…Quant au coquillard, c’est une déclinaison de la « coquille » qui, au XVIe siècle, désignait argotiquement le sexe masculin (puis, par la suite, le sexe féminin).

Variantes et autres expressions : On peut bien sûr « s’en taper » ou « s’en torcher », avec les compléments les plus divers et loufoques (peut-être avez-vous déjà dit ou entendu dire « je m’en tape le cul contre la suspension« , ou « je m’en bats les steaks » ?), mais il existe des tas de variantes qui connaissent leur petit succès, des plus (faussement) sages (« s’en beurrer les noisettes« ) au plus vulgaires (« s’en rouler les balloches« ).Impossible également de ne pas citer le fameux « +a m’en touche une sans bouger l’autre« , remis au goût du jour il y a quelques années par l’ancien président de la République Jacques Chirac…

 »*Savez-vous que l’œil est, de longue date, un terme d’argot très courant pour désigner l’anus ? »

 

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A tire-larigot !
Expression : « Des problèmes, j’en ai à tire-larigot ! »

Ce qu’elle veut dire : J’ai beaucoup de problèmes (énormément, trop…)

Origine : L’expression « à tire-larigot » dans le sens de « beaucoup », serait apparue au XVIe siècle, notamment chez Rabelais, pour désigner dans un premier temps le fait de boire excessivement…Elle associe en effet le verbe « tirer » (pris ici dans le sens de « tirer un liquide » pour le boire, comme « tirer la bière du tonneau ») au mot « larigot », qui désignait une petite flûte. »Boire à tire-larigot » désignait donc le buveur qui passait tout son temps le goulot à la bouche, comme s’il prenait sa bouteille pour une flûte…

Variantes et autres expressions : « A gogo« , bien qu’un peu vieilli, reste encore assez courant, ce qui n’est pas le cas de « à foison », ou de « en veux-tu en voilà ». De même, la très jolie expression « A bouche que veux-tu » n’est plus guère usitée, même pour s’embrasser…Depuis quelques années en revanche, l’expression « par pack(s) de douze » et ses variantes sont de plus en plus employées.A noter : on peut également utiliser « à tire-larigot » pour dire souvent ou sans arrêt (« il la trompe à tire-larigot »).

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(source:  C. Bajot )

Origine des expressions: « Laisser pisser le mérinos » et « se casser la nénette »

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Expression : « Laisse pisser le mérinos ! »Ce qu’elle veut dire : Laisse tomber, laisse faire, laisse dire…

Origine : Le mérinos est une race de mouton espagnol. Quant à savoir pourquoi il s’est retrouvé embarqué dans cette expression, mystère.Sa laine étant très populaire au XIXe siècle, le mérinos est sans doute venu se greffer, par l’effet comique et l’allitération, à une expression plus ancienne : « laisser pisser la bête« . Elle était en usage chez les personnes qui menaient les attelages de bœufs ou de chevaux : elle traduisait la nécessité d’arrêter les attelages pour laisser les bêtes uriner. Même lorsque la course était pressée, il fallait prendre le temps de s’arrêter.Le  »Robert des expressions et locutions » voit, dans l’expression « laisser pisser », une simple déformation grivoise de « laisser passer ».

Variantes et autres expressions :« Laisser courir », bien sûr. Le chanteur Renaud a popularisé dans les années 70 l’expression en verlan « laisse béton« . Aujourd’hui, on aurait plutôt tendance à « rester zen », « rester cool » ou « ne pas se prendre la tête »…

 

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Expression : « Je me suis cassé la nénette pour rien ! »

Ce qu’elle veut dire : Je me suis donné du mal, j’ai fait des efforts pour rien…

Origine : Cette expression aurait été popularisée par Louis-Ferdinand Céline, qui se la cassait d’ailleurs souvent, la nénette, pour émailler ses romans d’expressions savoureuses.La nénette en question n’a rien de grivois : elle désigne la tête, et serait une déformation de « trombinette » ou de « comprenette ».Elle n’a rien à voir, en revanche, avec la « nénette », une brosse à lustrer les automobiles apparue après la Seconde Guerre mondiale.

Variantes et autres expressions : On peut se « décarcasser » (comme Ducros !) ou, de manière plus vulgaire mais également plus explicite, « se casser le cul » ou (plus désuet) « se casser le tronc » à faire quelque chose.Il faut noter aussi que l’expression peut-être utilisée négativement, de manière péjorative, pour dire qu’untel ne « s’est pas cassé la nénette », c’est-à-dire qu’il ne s’est pas « foulé » (il n’a pas risqué une foulure en faisant un effort trop violent)…

Le savez-vous? Origine des expressions: « Fagoté comme l’as de pique » et « Avoir le cul bordé de nouilles »

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 Fagoté comme l’as de pique

Expression : « Il est fagoté comme l’as de pique ! »

Ce qu’elle veut dire : Il est mal habillé, débraillé…

Origine : Le verbe « fagoter » vient évidemment des fagots de bois : il désigne le fait d’assembler et de lier des branches et brindilles en fagots. Mal liées, ou mal « fagotées », les branches dépassent dans tous les sens du fagot. De même, les vêtements de la personne « mal fagotée » rebiquent ici ou là, que ce soit le col relevé ou la chemise sortie du pantalon…Quant à l’as de pique, son association à l’expression fait débat. Selon certains, l’as serait tout simplement la carte la moins bien « habillée » d’un jeu de cartes (notamment par rapport aux « figures », valets, dames et rois). Pour d’autres, la forme de l’as de pique évoque celle du croupion d’une volaille, partie peu présentable s’il en est…

Variantes et autres expressions : On dit aussi simplement « habillé comme l’as de pique », ou « fichu comme l’as de pique ».Au contraire, lorsque sa mise est particulièrement soignée, on est alors « tiré à quatre épingles » (car il faut quatre épingles pour tendre une pièce d’étoffe parfaitement, sans faire de pli) ou « sur son trente-et-un » (à l’origine mystérieuse, d’autant que l’on était « sur son dix-huit » au XVIIIe siècle, et que l’on trouve l’expression « sur son cinquante-et-un » chez Balzac !).On dit plus rarement « sapé comme un milord », d’autant que l’expression, apparue au XIXe siècle, a une forte connotation péjorative.

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Avoir le cul bordé de nouilles

Expression : Il a le cul bordé de nouilles !

Ce qu’elle veut dire : Il a une chance insolente…

Origine : « Avoir du cul » (tout comme les variantes « avoir du bol » ou « avoir du pot », métaphores argotiques courantes pour le fondement) signifie depuis longtemps avoir de la chance, de la veine… Mais que viennent faire les nouilles là-dedans ?L’origine de cette expression, assez récente (elle est devenue en vogue dans la deuxième moitié du XXe siècle), est assez obscure. La plus probable (mais loin d’être avérée) est sans doute à chercher du côté de l’argot des prisons : dans le milieu carcéral, les détenus qui acceptent de se prêter à des relations homosexuelles en tirent des avantages, qui peuvent être assimilés à de la chance… Si l’on considère que la « nouille » est un terme argotique qui désigne le sexe masculin, l’image, certes peu ragoûtante, fait sens : le détenu qui a le « cul bordé de nouilles » est celui qui a le plus d’avantages.

Variantes et autres expressions : On disait aussi, en Provence, « avoir le cul bordé d’anchois » pour parler des veinards…Les expressions désignant les chanceux et chanceuses sont légion… et généralement toutes situées au-dessous de la ceinture (on ne s’attardera pas sur les plus connues, quoique très vulgaires, « avoir de la chatte », « avoir de la moule », ou par extension « être moulu(e) »).Difficile de ne pas citer « avoir une veine de cocu » (sans doute directement issue du proverbe « heureux au jeu, malheureux en amour »), ou « une veine de pendu » (en l’occurrence, ce n’est pas le pendu qui a de la chance, mais la corde avec laquelle il a été pendu qui serait un porte-bonheur, selon une croyance populaire).

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(source:  extrait de Christophe Bajot, expressions française à redécouvrir)

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