Conte de Noël n°8 : Le Racolage du Père Noël par Armande
Je me rendais au boulot sur ma moto Suzuki , elle roule bien, une bonne fifille. Je devais faire le père Noël aux Galeries farfouillette du bled, et je savais pas trop par où y accéder. Les nouvelles zones commerciales en dehors de la ville sont toujours à 2 min, mais il y avait du brouillard dehors et mon casque n’est pas au top : il y a aussi du brouillard à l’intérieur.
J’aperçois du monde sur le bord de la route, je vais m’arrêter demander mon chemin. En m’approchant, j’avise que ce sont des belles de nuit, même si on est encore dans l’après-midi. Court vêtues, décolletées malgré le temps frisquet, mignonnes, mais elles ne doivent pas avoir bien chaud, les pauvrettes. Moi, avec ma tenue de Père
Noël, elles m’ont tout de suite repéré et plusieurs sont venues vers moi en riant. J’ai enlevé mon casque pour leur demander mon chemin, mais n’en ai pas eu le temps.
Soudain ! ils me sont tombés dessus, avéré et véridique ! Ils ont même fait renverser la moto, les saligauds… et moi j’ai failli rester dessous, mais ils m’ont attrapé, coincé un bras dans le dos, réclamé mes papiers, dévisagé, reniflé – je parle des chiens, puis fouillé, tripoté, ils
ont cherché et fini par trouver ma
barrette de shit que j’apportais
pour faire la fête ce soir avec mon
copain Marcel. Ben quoi, c’est
Noël quand même ! Ils m’ont
traîné jusqu’à leur voiture et
emmené quelque part pour
interrogatoire. J’avais beau leur
dire que j’allais travailler, que je
cherchais le centre commercial
pour aller faire le guignol, rien à
foutre. Quand ils m’ont relâché, je
pouvais dire adieu à mes cinq heures de CDD, et j’étais grillé à l’Agence. Et en prime un procès pour racolage, rien que ça ! et une mise en demeure pour
détention et usage de substance prohibée. Ah les vaches ! Le pire c’est qu’ils me l’ont piquée, ma camelote. C’est même pas moi qui en aurai l’usage…
Quand ils m’ont relâché, j’ai quand même eu le droit d’aller récupérer ma moto et je l’ai retrouvée sur le terrain maudit. Elle était couchée dans une flaque d’huile et d’essence. Je l’ai relevée, le bas de ma houppelande de papa Noël a trempé dans la boue huileuse, j’en serai quitte pour un nettoyage au pressing. J’ai démarré la bécane, j’espère qu’il reste assez d’essence pour rouler jusqu’à une station. Au fait, est-ce qu’ils m’ont rendu mes dix euros ?
Avant de partir, j’ai craqué une allumette et l’ai envoyée dans la flaque d’essence. Ça a fait un beau feu de joie, ça aura réchauffé les demoiselles, qui m’ont crié :
– Joyeux Noël !
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