S'il te plaît, apprivoise-moi…

Léopoldine

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Tu avais un papa formidable, tu sais. Oh, pas seulement parce qu’il écrivait simien -hélas!- qu’il passe, même pour Gide, pour le plus grand auteur français de tous les temps.

Oh, tu le sais mieux que quiconque qu’il n’est pas facile à vivre à l’ombre de si grands chênes. Ta sœur Adèle H le sait aussi … et à quel prix ! Et si tu étais sa préférée, son amour jaloux ne t’a pas toujours facilité la vie. Charles, frère aîné d’Auguste Vacquerie, disciple du maître, l’a aussi appris à ses dépens. Ton poète de père était on ne peut plus réticent à ce que tu te maries avec lui en 43, quatre ans après votre rencontre à Villequier. 

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 Sept mois après ce mariage, vous vous noyâtes ensemble, au cours d’une promenade en barque sur la Seine, à cinq cents mètres à peine de la propriété familiale. 

Ton père apprit la terrible nouvelle, par hasard, en lisant le journal. Fou de douleur, il ne peut rien t’écrire pendant un deuil de près de huit ans. images-97

 C’est terrible la douleur d’un père. Elle n’a rien à envier à celle d’une mère. Il en a fallu pour qu’il transforme sa douleur en larmes d’or, qu’il la transmute et qu’il t’adresse ses Contemplations, par-delà la Mort.

 Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai, les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs.

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Qu’il est fort, ô Léopoldine, ton paternel de t’avoir ainsi donné rendez-vous à Villequier maudit, qu’il est fort de te parler de vivre si intensément ce moment, de vous le faire partager si simplement, si sensiblement.

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 Que l’on croit ou non, la magie de ses mots enchante, ressuscite, te fait sortir du tombeau et tu reprends vie pour l’éternité. Victor, c’est la victoire sur la mort. Hugo, ce sont deux syllabes qui ont la force et le même nombre de lettres que Yavé, Dieu. C’est bien lui le Prince, le Dieu des poètes, le Génie créateur.

Et c’est toi, Léopoldine sa Muse, sa fée, son inspiratrice : car les créateurs ont aussi leurs fleurs, leurs étincelles de bonheur, celles qui leur tiennent la main et leur apportent ce qu’on appelle prosaïquement « l’inspiration. »images-92

Commentaires sur: "Nouvelles normandes n° 14 : Léopoldine" (2)

  1. il a mis longtemps a se remettre de la mort de sa fille , en plus son gendre aussi est mort, mais bon on en parle pas, bref, il a fait une oeuvre sur la mort et ses pensées, les contemplations, et donc c’est un bouquin qui fait bien reflechir,
    Hugo faisait du spiritisme a la fin,
    a plus

  2. […] versi. Ritornato in patria il 5 settembre 1870, Hugo riprese la via crucis, che lo conduceva al cimitero vicino alla Senna, dove riposava per sempre la primogenita. L’eco appassionata e commovente del suo tenacissimo […]

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