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Le culte des arbres par Gavroche, chroniqueur

Le culte des arbres
Écrit par Gavroche

Au Japon, lisons-nous dans le grand ouvrage que M. Humbert a publié sur ce pays, un véritable culte est rendu aux arbres chargés d’années.
On raconte que quand le seigneur de Yamalo voulut se faire faire un ameublement complet tiré du plus beau cèdre de son parc, la hache des bûcherons rebondit sur l’écorce, et l’on vit des gouttes de sang découler de chaque entaille.
C’est que, dit la légende, les arbres séculaires ont une âme comme les hommes et les dieux, à cause de leur grande vieillesse. Aussi se montrent-ils sensibles aux infortunes des fugitifs qui viennent se mettre sous leur protection. Ils ont sauvé plus d’une fois, en les abritant dans leur feuillage ou dans les cavernes de leurs troncs, des guerriers malheureux sur le point de tomber entre les mains de leurs ennemis.
« Curiosités historiques et littéraires. »  E. Muller, Delagrave, 1897

Les anecdotes de Gavroche: « Athénodore et le spectre »

Athénodore et le spectre
source: gavroche / octobre 7, 2014

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On croit assez communément que les histoires de maisons hantées de revenants, qui avaient si largement cours chez nos pères et qui résultaient de la triste condition des âmes dites en peine, ou en état de péché ont leur principe dans les idées religieuses du moyen âge.

*Mais en cela, comme en beaucoup d’autres cas, le moyen âge n’a fait que transformer des idées antiques. L’âme en peine qui, sous l’empire des nouvelles croyances, est censée revenir sur terre pour demander aux vivants les prières qui doivent racheter ses fautes, était chez les anciens l’âme d’une personne dont le corps avait été privé des honneurs funèbres. C’est ce que nous apprend l’aventure suivante, très sérieusement rapportée par Pline le Jeune, dans une de ses lettres.

Il y avait à Athènes une maison fort grande, fort logeable, mais décriée et déserte. Chaque nuit, au milieu du profond silence, s’élevait tout à coup un bruit de chaînes, qui semblait venir de loin et s’approcher. On voyait, disait-on, un spectre, fait comme un vieillard, très maigre, aux cheveux hérissés, portant aux pieds et aux mains des fers, qu’il secouait avec un bruit horrible. De la, des nuits affreuses pour ceux qui habitaient la maison.

Le philosophe Athénodore était venu à Athènes, et, ayant appris tout ce qu’on racontait de la maison abandonnée, il la loua et résolut d’y loger dès le jour même. Le soir venu, il ordonne qu’on lui dresse un lit dans une des salles de la maison, qu’on lui apporte ses tablettes, de la lumière, et qu’on le laisse seul. Craignant que son imagination ne lui créât des fantômes, il applique son esprit, ses yeux et sa main à l’écriture.

Au commencement de la nuit, un profond silence règne dans la maison, comme partout ailleurs; mais bientôt il entend des fers s’entrechoquer; il ne lève pas les yeux et, continuant à écrire, s’efforce de ne pas croire ses oreilles. Mais le bruit augmente, approche à ce point qu’il semble être dans la chambre même. Il regarde, il aperçoit le spectre tel qu’on le lui avait décrit. Ce spectre est debout et l’appelle du doigt. Athénodore lui fait signe d’attendre et se remet au travail. Mais le spectre secoue plus fortement ses chaînes et fait encore signe du doigt. Alors le philosophe se lève, prend la lumière et va vers le spectre. Celui-ci, qui marche comme accablé sous le poids de ses chaînes, emmène le philosophe dans la cour de la maison et tout à coup disparaît. Athénodore ramasse des herbes, des feuilles, pour marquer la place où le spectre a paru s’engloutir.

Le lendemain, il va trouver les magistrats et les prie d’ordonner que l’on fouille a cet endroit. On le fait, et on y trouve des os enlacés dans des chaînes; le temps avait rongé les chairs. Après qu’on eut soigneusement rassemblé ces restes, on les ensevelit publiquement, et depuis que l’on eut rendu au mort les derniers devoirs, il ne troubla plus le repos de cette maison.

Le Ciel de Leyenda de Gavroche60 : « Le cochon déguisé en malade »

Anecdotes, faits insolites, mystérieux et historiques

                              Le cochon déguisé en malade

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Beaucoup de personnes ont peut-être entendu parler du trait suivant, qui est très piquant.

Monsieur de Bellechasse , un des plus riches banquiers de la capitale, avait parié deux mille louis avec un opulent capitaliste, qu’à telle barrière, à tel jour, et à telle heure bien précisée, c’est-à-dire en plein jour, et vers les deux heures après-midi, il ferait entrer un porc en contrebande, quand même on mettrait aux barrières mille hommes sur pied pour l’en empêcher. La gageure est acceptée: le banquier voulut être, lui-même, à la barrière indiquée, avec sa partie adverse, afin de mieux examiner tous les objets qui pourraient tenter l’aventure de la fraude.

Il se tenait donc dans le bureau d’octroi, et à chaque voiture il fouillait avec un soin scrupuleux dans les recoins les plus secrets, quand une jeune fille, les cheveux épars, l’œil tout en larmes, vint à demander aux douaniers s’il n’avaient pas vu une chaise à porteurs, transportant à l’Hôtel-Dieu sa pauvre mère, extrêmement malade de la peste ?

— Non, répondirent-ils, et vous faites bien de nous prévenir, car nous prendrons nos précautions.

En effet, à peine la villageoise avait-elle fait ses lamentations, qu’une chaise-à-porteurs paraît et s’avance: un personnage affublé d’un vaste coqueluchon de taffetas noir, enveloppé, de la ceinture aux pieds, d’une grosse couverture de laine, à demi couché dans l’intérieur, semblait être la malade octogénaire; et pour rendre l’avertissement de la jeune fille plus vraisemblable, un pot de nuit rempli d’une essence qui n’était pas à la rose, répandait dans l’étroit espace de la chaise à porteurs une odeur infecte. Les préposés craignant de gagner la peste, ne firent que de très rapides perquisitions. Aussi, lorsque la prétendue pestiférée fut à vingt pas, le capitaliste la faisant sortir de sa retraite, et la tirant par la queue :

— Venez avec moi, bonne femme, lui dit-il avec raillerie, toucher les deux mille louis que vous avez si bien gagnés. M. de Bellechasse est trop galant homme pour vous refuser, ayant si bien joué votre rôle.  

C’était un gros cochon qu’il s’amusait à taquiner en le tirant par la queue.

  » Les Farces nocturnes des contrebandiers et des fraudeurs  » Corbet, Paris, 1821.

Histoire: Jeanne l’aristo par Gavroche

 

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Allons ! Bon ! Voici que Jeanne d’Arc, dont on à fêté dimanche le 500e anniversaire, n’était pas du tout une paysanne, ni une bergère !

L’abbé Mandre, curé de Damvilliers, dans la Meuse (1742-1820), a écrit jadis que le père, Jacques d’Arc, et la mère, Isabelle Romée, n’étaient, point, de pauvres laboureurs, mais des gentilshommes campagnards possédant 20 hectares de terre qu’ils faisaient valoir eux-mêmes. 

Jehanne était une demoiselle de château, parfaitement au courant de la politique et des faits généraux qui se passaient en France. Elle a conduit les troupeaux de ses parents et ceux de ses voisins, à son tour de rôle, partageant, la besogne selon l’usage avec les autres filles du pays, selon l’usage patriarcal de ces temps sans snobisme. 

Et voilà ! 

La famille Jeanne d’Arc était une famille d’aristos. La fête devient, dès lors, anti-démocra-tique. L’abbé Mandre avait bien besoin de venir nous raconter ça !

« Les Potins de Paris : politiques, financiers, théâtraux. » Paris, 1929.
Illustration : Fête de Jeanne d’Arc à New-York, CN (cliché Central News photo service) USA : Agence Rol. 1920 

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