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Archives de la catégorie ‘tombes et cimetières remarquables’

Insolite: La tombe du dernier mamelouk et le chapeau de Napoléon à Waterloo à Sens (Yonne)

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Louis-Etienne Saint-Denis, le

Mamelouk Ali, de Napoléon

Napoléon en avait trois….

Chose peu commune direz-vous. Mais pas tant que cela. L’un s’appelait Ali. L’autre Roustam. Le dernier Ali. Ils furent les mamelouks de l’Empereur.Napoléon mourut à Ste-Hélène. Ali bis à Sens.

Le 19 mai 1798 le corps expéditionnaire français quitte Toulon, sonnant ainsi le début de la campagne d’Egypte menée par le général Bonaparte. Cette campagne, qui avait pour but de s’emparer de l’Egypte et s’implanter en Orient, dans le cadre de la lutte contre l’Angleterre, se double d’une expédition scientifique à la quelle prennent part de nombreux historiens, des botanistes, des dessinateurs afin de découvrir les richesses  égyptiennes. L’Égypte est alors une province de l’Empire Ottoman repliée sur elle-même et soumise aux dissensions des mamelouks. Les mamelouks sont les membres d’une milice formée d’esclaves, affranchis et recevant une solde à l’issue de leur formation, au service des califes musulmans et de l’Empire ottoman. Suite à de nombreux revers, la France du abandonner ses projets de conquêtes en Orient en 1801.

«Bon, ça c’est fait, aurait pu dire le futur Empereur en regagnant Paris, mais je ne vais pas rentrer les mains vides ! Un souvenir ? Et pourquoi pas un mamelouk ? Ou deux ?». Si l’histoire raconte que Bonaparte a ramené dans ses bagages un mamelouk, la vérité est un peu différente. En fait, deux le suivirent. Le premier, Ali, fut placé auprès de Joséphine pour sa demeure de Malmaison. Doté d’un caractère épouvantable, terrorisant son entourage, il fut retiré par Napoléon du service de l’Impératrice et envoyé au palais de Lacken près de Bruxelles, puis comme garçon d’appartement à Fontainebleau où il ne fit plus parler de lui.  Roustam Raza (ou Roustan), lui, est né vers 1782 à Tiflis (Géorgie), l’actuelle Tbilissi. Il fut acheté à Constantinople par Sala-Bey qui l’affranchit et l’intègre dans son corps de cavalerie. Il passe ensuite au service du cheik El Bekri au Caire,  un ami de Bonaparte. C’est là que Roustam postule pour passer au service de ce dernier. Dès lors, sa vie bascule : il va suivre comme son ombre le Premier Consul, puis l’Empereur, à travers toute l’Europe, pendant quinze années. Il le quitte au lendemain de la tentative de suicide au poison de ce dernier, refusant de le suivre à l’ile d’Elbe après son abdication de 1814, effrayé à l’idée de pouvoir être accusé de tentative d’assassinat pour le compte de l’Angleterre. Lors des Cent-jours, l’année suivante, il lui propose de nouveau ses services, mais Napoléon, qui n’a pas compris son départ l’année précédente, le fait enfermer à Vincennes, le remplaçant par le mamelouk Ali.

Louis-Etienne Saint Denis, le mamelouk Ali

Mamelouk Ali, si l’on peut dire. En réalité, il s’appelle Louis-Etienne Saint-Denis. Il est né à Versailles le 22 septembre 1788 d’une famille de serviteurs attachés à la royauté. Quand le général Bonaparte, de retour d’Egypte, prend le pouvoir, Louis-Etienne est à l’école. En 1802, il commence son apprentissage chez Me Colin, notaire à Paris. Il est à la fois coursier et copiste. Un talent pour l’écriture que Napoléon ne reniera pas. Grâce à son père, proche des écuries Impériales que dirige le grand écuyer Caulaincourt, il entre dans ces mêmes écuries où il devient élève piqueur dans les équipages d’attelage c’est-à-dire le courrier qui précède l’équipage d’un personnage important, l’Empereur ou quelque dignitaire de sa suite. (1) Dès 1808, il va, en compagnie de l’Aigle, sillonner la France et l’Europe : Erfurt, Burgos, Madrid, Valladolid…. En février 1809, Augsbourg, Wagram puis encore l’Espagne. Voyages militaires certes, mais aussi voyages privés : Napoléon a épousé Marie-Louise et Saint-Denis escorte le couple en Normandie puis en Hollande. Comme un obscur, un sans nom, un sans grade.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est à un coup du sort que Saint Denis doit sa promotion : pendant le voyage en Hollande, en 1811, Roustam tombe malade. Et par le fait de l’Empereur, Napoléon voulait avoir près de lui un serviteur de «rechange». Présenté dans un costume de mamelouk par le fidèle Caulaincourt Louis-Etienne entra à vingt-trois ans au service de sa Majesté qui lui fera désormais porter le nom d’Ali en souvenir de son premier serviteur ramené d’Egypte.

En 1812, il sera aux côtés de l’Empereur pendant la campagne de Russie puis encore avec lui l’année suivante à Dresde et à Leipzig, à Francfort et à Mayence. C’est là, qu’en 1814, il apprend l’abdication de l’Empereur qui part pour l’ile d’Elbe. Roustam «disparu», Caulaincourt lui dépêche Louis-Etienne qui ne quittera plus Napoléon pendant presque sept ans, de juin 1814 au 5 mai 1821. Il connaitra ainsi le retour de l’ile d’Elbe, les Cent-jours, Waterloo, la seconde abdication, la Malmaison, Rochefort et choisira l’exil en compagnie de l’Empereur à Sainte-Hélène. S’il se complait dans ses travaux domestiques en compagnie de Marchand, il est surtout devenu le copiste attitré du souverain déchu. Il recopie ainsi une grande partie du Mémorial de Las Cases et des dictées de Napoléon à Gourgaud, Bertrand et Montholon. De plus, Ali doit s’occuper de la bibliothèque qui compte plus de 3000 volumes et sera, pour partie, en charge du testament de l’Empereur.

L’habit de chasseur que l’Empereur portait à Ste-Hélène. (Coll. Musée de Sens, E. Berry).

napo-2.jpgLa mort de Napoléon, lithographie de Jazet d’après Steuben. 

 Marchand et Ali (détail). Au premier plan, Madame Bertrand.

napo-3-bis.jpgA la mort de celui-ci, Louis-Etienne rentre en France, accompagné de Mary Hall, la gouvernante de Melle Hortense, fille du maréchal Bertrand, qu’il a épousée sur l’ile, et de leur fille Clémence née en 1820. Ils logent chez ses parents à Paris où naitra leur seconde fille Isabelle en 1826.  Il fréquente alors les anciens de Sainte-Hélène, qu’il aide à classer leurs papiers et s’occupe du règlement des legs du testament dont il attend de quoi vivre. Cette même année, Ali prend le parti de s’installer à Sens, sans doute pour se rapprocher du lieutenant en retraite Jean-François Dufeu, devenu vérificateur des poids et mesures depuis 1810. Marchand, son compagnon d’infortune à l’ile d’Elbe s’était installé, lui, près d’Auxerre. Il loue d’abord une maison rue des Canettes (rue Pasteur) où nait Napoléone-Mathilde. Bientôt, les fonds des legs du testament se débloquent et Ali peut acheter une petite maison sur les promenades, aujourd’hui boulevard des Garibaldi. Il participera au voyage de Retour des Cendres de l’Empereur en 1840 sur La Belle Poule et écrira, dès son retour à Sens son «Voyage de 1840». Mary meurt en 1841 et en 1842 Clémence épouse Antoine Alphonse Marin, propriétaire à Sens. (2) Resté veuf avec ses deux plus jeunes filles, il va rédiger ses mémoires pendant de longues années. En 1851, il rencontrera Louis-Napoléon Bonaparte, allant inaugurer une partie du chemin de fer Paris-Lyon. (3) De 1852 à 1856, il siégera au Conseil Municipal de la ville et sera fait, en 1854   heures du matin, âgé de 67 ans, non sans avoir légué au musée de Sens de nombreux souvenirs napoléoniens dont l’habit de chasseur porté par l’Empereur à Sainte-Hélène (actuellement prêté pour une exposition à Melbourne).  Lui et sa famille son inhumés au cimetière au bord et à droite de l’allée principale, non loin de Lucien Cornet.

Gérard DAGUIN

Documentation : Bernard Brousse  SAS, Virginie Garret Cerep, 5, rue Rigault Sens.1, Jacques Jourquin, l’étrange mamelouk Ali. 2. André Rossigneux, Ali le mamelouk. 3. Augusta Hure, Sens avant et pendant l’Empire.

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Le chapeau que portait l’empereur Napoléon à Waterloo, conservé aux musées de Sens. Il n’est pas en très bon état car l’empereur l’avait fait confier à son chapelier habituel pour restauration après la bataille. Vu les circonstances, le chapelier le conserva à l’abri mais ne le remit pas en état. Actuellement le costume de Napoléon est en restauration

Curiosités: Monument aux morts pacifiste de Dolus d’Oléron

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ARRONDISSEMENT : Rochefort.
CANTON : Le Château-d’Oléron.

SCULPTEUR :
VINCENT, André (1898-1975) ; né au Raincy (Seine-Saint-Denis) ; habite Saint-Georges-d’Oléron (Charente-Maritime).
signature inscrite sur le monument : oui.

ANNEE DE REALISATION (de la sculpture) : 1923.
datation inscrite sur le monument : non.
DATE D’INAUGURATION : 16 décembre 1923.

MATERIAU (de la sculpture) : calcaire.
COÛT GLOBAL : 11.000 F.

INFORMATIONS DIVERSES : un concours fut organisé par la municipalité en vue de l’attribution de la commande. Le conseil municipal vota à la fin des travaux une gratification de 4.000 F. pour l’artiste (le devis s’élevait au départ à 7.000 F.), jugeant son oeuvre particulièrement réussie. Par ailleurs, le modèle en plâtre du groupe participa en 1924, à Paris, au Salon de la Société des Artistes Français (n° 3993 du catalogue).

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ob_ecd485_a-dolus-monument-kichenotteC’est une paysanne oléronaise coiffée comme elles l’étaient encore dans la première moitié du XXème siècle, de la kichenotte (ou quichenotte).

La coiffe qui protège du vent et du soleil est typique des îles charentaises. La légende prétend qu’elle tire son nom de l’anglais « Kiss me not », (ne m’embrassez pas) et qu’elle permettait grâce à leur auvent rigide de tenir à distance, pendant la guerre de Cent ans les sodats anglais trop entreprenants !
En réalité le mot qui désignait la coiffe des faneuses viendrait de « cuchon » qui signifiait « tas de foin » au Moyen-Âge et qui est toujours présent dans certains parlers régionaux.

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A noter que sur le blason ce cette commune de Dodus figure… un renard!

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Cartes postales: le monument pacifiste de Lodève (Hérault)

Si le monument pacificiste le plus célèbre de France se trouve à Gentioux dans la Creuse (se reporter à l’article concerné sur ce blog), il en existe une trentaine d’autres en France, dont celui de Lodève dan l’Héraut qui vaut le détour. Le monument aux morts de Lodève, réalisé par le sculpteur Paul Dardé.

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Le monument est constitué d’un groupe de quatre femmes et deux enfants devant un gisant, symbolisant la douleur après la perte d’un père lors de la Première Guerre mondiale qui se déroula de 1914 à 1918. C’est le premier conflit armé qui impliqua autant de pays à travers le monde. Les pertes humaines s’élevèrent à plus de 8 millions de morts et 6 millions d’invalides.

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Le sculpteur a inséré sa composition dans un jardin public, ancien parc des évêques de Lodève à proximité de l’ancien palais épiscopal et de la cathédrale toujours présente. Son environnement végétal constitué des marronniers du jardin incite au recueillement.

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Le monument présente quatre femmes symbolisant, grâce à leurs vêtements, les saisons (printemps, été, automne, hiver) mais aussi différentes classes sociales, au chevet d’un poilu mort, avec une femme effondrée sur sa dépouille et deux enfants symbolisant l’innocence, tous les civils morts. Le monument est réalisé en pierre de Lens dans le Gard patinée aux acides. Cette patine modifie la pierre trop blanche et lui donne une belle couleur rouille.

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Commencé en 1919, le monument a été inauguré en 1930, en présence de Louis Germain-Martin, ministre du budget dans le gouvernement André Tardieu et député Radical indépendant de l’Hérault de 1928 à 1936, mais l’artiste était absent.
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(source info: wikipedia)

Tombes et cimetières célèbres: Georges Wolinski, dessinateur de presse à Montparnasse

 

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Georges Wolinski, né le 28 juin 1934 à Tunis et mort assassiné le 7 janvier 2015 à Paris lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, est un dessinateur de presse français.

Il a collaboré au journal Hara-Kiri (versions mensuelle et hebdomadaire), ainsi qu’à Action, Paris-Presse, Charlie Hebdo, La Gueule ouverte, L’Humanité, Le Nouvel Observateur, Phosphore, et enfin Paris Match. Il a également été rédacteur en chef de Charlie Mensuel, et président du prix de la bande dessinée du Point

Description de cette image, également commentée ci-après

Né d’une mère juive franco-italienne, Lola Bembaron, et d’un père juif polonais, Siegfried Wolinski, à la tête d’une entreprise de ferronnerie d’art à Tunis, il est élevé par ses grands-parents maternels pâtissiers, son père étant mort assassiné lorsqu’il a 2 ans4 et sa mère tuberculeuse envoyée en sanatorium en France. Il rejoint à l’âge de 13 ans sa mère remariée.

Au lycée de Briançon, où il étudie de 1946 à 1952, il anime un journal, le « Potache libéré » . Il y rencontre sa première femme, Jacqueline, épousée en 1961, avec qui il aura deux filles, et qui mourra en 1966 des suites d’un accident de voiture en voulant éviter un chien, alors qu’il se reposait à l’arrière. Il travaille d’abord dans l’entreprise de tricot de son beau-père à Fontenay-sous-Bois, puis publie ses premiers dessins dans Rustica en 1958.

Après avoir envoyé ses dessins à François Cavanna, il entre en 1960 dans l’équipe de Hara-Kiri, puis en 1968 dans Le Journal du dimanche où il rencontre sa seconde femme Maryse, il devient rédacteur en chef de Charlie Hebdo de 1970 à 19816. Wolinski oscille au début entre des styles très différents, pour se fixer à terme sur un graphisme évoquant au départ celui de Copi. Rapidement, il acquiert la patte spécifique de l’auteur, qui met l’accent sur l’expressivité de ses personnages là où au contraire Copi les voulait neutres.

Les événements de mai 1968 font connaître son travail par l’éphémère revue Action, où il dessine régulièrement. C’est alors la gloire. Les personnages si typiques de Wolinski plaisent et sont sollicités pour des campagnes de publicité d’envergure nationale :

Immeuble « Le Broca », rue Broca, près du canal Saint-Martin, à Paris. IBM (Wolinski dessine un de ses personnages qui balance ses papiers à l’ordinateur en lui disant : « Tiens, débrouille-toi! »)

Mars (barre chocolatée) Rizla+, papier à cigarette (une jeune femme sort d’un paquet en déclarant « je suis dans les petits papiers de Riz la + »; une jeune femme s’habille de petits papiers etc.) Ces publicités seront reprochées à Wolinski par les puristes. Il les choisit pourtant au compte-gouttes, n’acceptant que celles qui lui donnent prétexte à faire des choses qui l’inspirent.

Signature de Georges Wolinski Carrière

Hara-Kiri En février 1969, sort le premier numéro de Hara-Kiri dans lequel apparaît un personnage de Wolinski s’esclaffant en citant divers sujets, dont les « pendus de Bagdad ». L’Enragé Pendant les événements de Mai 68, Wolinski — qui a commencé par dessiner dans Action — fonde avec Siné le journal L’Enragé, dans lequel ses dessins prennent une coloration politique. Le journal disparaîtra vite, mais le ton du futur Hara-Kiri Hebdo (puis Charlie Hebdo) commence à apparaître.

France Soir Après la parenthèse d’Action, Wolinski est sollicité pour tenir une page de contestation dans le quotidien France-Soir de Pierre Lazareff, où il prend l’habitude de ne « pas seulement y contester la société, comme tout le monde, mais aussi le directeur du journal », comme il le résume. La collaboration prendra vite fin.

Charlie Hebdo C’est dans Hara-Kiri hebdo devenu par la suite Charlie Hebdo, que Wolinski prend sa pleine mesure en dessinant de façon pratiquement hebdomadaire deux personnages repris d’Action : un gros sûr de lui et dominateur, et un maigre d’allure timide, qui tiennent des propos de café du commerce, mais toujours présentés de façon humoristique. Commençant imperturbablement par un « Monsieur », qu’on devine prononcé avec emphase, les bandes présenteront ces morceaux de bravoure typiques du style wolinskien : « Monsieur, je suis pour la liberté de la presse à condition que la presse n’en profite pas pour dire n’importe quoi ! » « Monsieur, il y a des moments où je me demande si ça valait la peine de gagner la guerre contre un homme qui nous aurait débarrassés du communisme. » « Le socialisme, c’est comme la marijuana : c’est peut-être inoffensif, mais ça peut conduire à des drogues plus dures comme le communisme. »

La bande hebdomadaire se nomme au début « L’évolution de la situation ». Elle inspirera ensuite plusieurs revues théâtrales de Claude Confortès, toutes nommées « Le roi des cons ». Ce roi des cons est aussi une trouvaille de Wolinski. Avant lui, l’expression était certes usitée, mais personne n’avait jamais eu l’idée de donner au personnage un visage et moins encore un costume. Le dessinateur lui donnera celui d’un benêt invariablement coiffé d’une couronne et revêtu d’un manteau d’hermine. Ce personnage apparaît pour la première fois lorsque le Shah d’Iran organise des fêtes immenses pour les « 2 500 ans de monarchie ininterrompue » à Persépolis (seule la monarchie d’Éthiopie incarnée à l’époque par Haïlé Sélassié fait mieux). Tous les chefs d’État ou presque y sont conviés. Tous hésitent à assister en raison du caractère peu démocratique de ce pays (Pompidou se défaussera et enverra son premier ministre Jacques Chaban-Delmas). Un dessin soulagera d’un seul coup la tension et déclenchera l’hilarité générale. Il est titré : « Le Shah au roi des cons : « Vous avez bien fait de venir » »

L’Humanité Appréciant l’humour de Wolinski, Roland Leroy, le directeur de L’Humanité – journal auquel il collaborera de 1977 à 198410-, lui propose de devenir dessinateur officiel du quotidien, en lui garantissant qu’il pourra « y caracoler en toute liberté ». Au grand désespoir de François Cavanna, Wolinski accepte en donnant comme excuse que « ça l’amuse d’être honnête ». Mais il ne donne plus à ses dessins le caractère militant et parfois agressif qu’ils avaient dans Action, et opte au contraire pour un style bon enfant où il se moque presque de lui-même et où percent parfois des allusions au style du dessinateur du Monde à l’époque, qui se nomme alors Konk. Bien que   dénués de ce côté grinçant qui était sa marque de fabrique, ses dessins de l’époque ne perdent rien de leur drôlerie ; et puis la collaboration avec Charlie Hebdo et Hara-Kiri continue pour ce genre de dessins-là.

Paris-Match Wolinski franchira une dernière étape de sa carrière en devenant également dessinateur de presse à Paris-Match : son mode de contestation a fini par faire partie du paysage français, et Wolinski, dorénavant, de l’establishement, comme un Sempé. Bande dessinée Wolinski a également été auteur de bande dessinée. Il a été le scénariste de la série des Paulette, dessinée par Georges Pichard et publiée notamment dans la revue italienne Linus dont il rencontre le fondateur Giovanni Gandini à l’époque où Wolinski est rédacteur en chef de Charlie Mensuel. Outre ses dessins humoristiques politiques, a signé dans des journaux comme Charlie Mensuel plusieurs séries mettant en scène des personnages récurrents, comme Georges le tueur ou Cactus Joe.

 

Hannukah Harry Associé avec Pierre Barkats, un avocat américain, Georges Wolinski s’est lancé dans une nouvelle aventure. Un petit personnage universel qui parcourt les époques interpelle le lecteur sur l’état de la planète. C’est lui qui a apporté le feu aux sauvages dans leurs grottes et il se sent un peu coupable quelque part du réchauffement climatique.

Décès Georges Wolinski meurt le 7 janvier 2015, abattu par des terroristes lors de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris. Il est incinéré et ses cendres sont inhumées au cimetière du Montparnasse le 15 janvier 2015. Vie personnelle Georges Wolinski perd en 1966 sa première femme dans un accident de voiture. Il avait eu avec elle deux filles, Frederica et Natacha. Il rencontre en 1968 Maryse, avec qui il a une fille, Elsa. Récompenses En 1998, a reçu le Prix International d’Humour Gat Perich. En janvier 2005, Wolinski a reçu la Légion d’honneur. Lors de l’édition 2005 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, Wolinski a reçu le Grand prix de la ville d’Angoulême.

 

Style . Le style de Wolinski possède quelques constantes : de fréquents doubles sens, souvent à connotation coquine. Une présentation si convaincante des positions de la droite que ses lecteurs peuvent parfois se demander s’il s’agit de caricaturer des positions ou si Wolinski n’est pas réellement de droite (certains de ses dessins, sous condition qu’on les prenne au premier degré, auraient très bien trouvé leur place dans Le Figaro). Et en fait cette ambiguïté voulue sera elle aussi une caractéristique du travail de Wolinski : au fond, il ne hait pas la droite, il la comprend. Elle l’amuse.

Elle n’a plus à ses yeux, ou plus toujours, ce caractère borné qu’il lui trouvait du temps d’Action. Elle fait partie de son paysage comme il fait d’ailleurs partie de la sienne, car les dessins de Wolinski, perçus comme plus gaulois, égrillards, irrévérencieux et frondeurs que proprement politiques sont appréciés maintenant par toute une France qui retrouve un peu d’elle-même dans ses personnages. À l’initiative de Jérôme Duhamel, Wolinski collaborera à un livre commun avec le dessinateur du Figaro Jacques Faizant. « C’est mon bon facho », dit Wolinski. « C’est mon bon gaucho », dit Faizant. Et tous deux ajoutent en commun qu’ils n’en pensent pas un mot, mais qu’au cas où il y aurait une épuration, ils préfèrent se faire des relations dans l’autre camp à tout hasard !!

Wolinski ne se veut pas dans la vie aussi libertin que ses personnages. Il est l’auteur d’une émouvante Lettre ouverte à ma femme, déclaration d’amour à Maryse Wolinski où il s’émerveille que sur dix ans de vie commune ils n’aient passé que trois nuits séparés. Dans sa réponse quelques années plus tard, Chambre à part, celle-ci précisera qu’ils dormaient dans le même logement, mais pas systématiquement dans le même lit. Invité à Apostrophes où Bernard Pivot lui demande : « Mais enfin, lorsque vous draguez une minette ? ». Il répond avec le plus grand sérieux : « Je suis marié, monsieur Pivot. Donc je ne drague pas des minettes. Je fais l’amour avec ma femme ».

 

Citations

« Si tout le monde était comme moi, je n’aurais pas besoin de détester les autres. »

« L’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre. »

« Je suis un con, mais quand je vois ce que les gens intelligents ont fait du monde… .

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