S'il te plaît, apprivoise-moi…

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La preuve que le peintre se sent proche des gens qu’il peint, c’est que son regard est intégré à la scène, que sa présence perturbe cette famille et les chevaux sous un soleil écrasant.
A gauche le cheval nous regarde comme s’il avait détecté cette présence étrangère. L’enfant de droite va rejoindre sa mère comme pour l’alerter sur la venue du peintre. L’homme qui tient le brancard du chariot rouge sembe avoir arrêté son geste et l’adolescent d’à côté lui aussi regarde vers nous.

Quant à la composition du tableau, elle s’organise en forme d’arc depuis la croupe du cheval de gauche jusqu’à la tête penche du cheval de droite , en passant par le toit de la roulotte centrale. Cela donne une impression d’intimité, de rassemblement qui va jusqu’au regard de l’artiste.

Dernier élément qui intégre Vincent Van Gogh à la scène: la manière de peindre elle-même. Ce tableau a sans doute été peint très rapidement, avec une intensité d’autant plus forte. C’est un premier jet, volontairement donné avec une perfection d’aquarelliste, la volonté de ne pas retravailler, de rester dans l’immédiat, dans le contact direct entre Van Gogh et son sujet. Van Gogh relie donc par tous les moyens ces nomades avec lui-même.

En guise d’hommage…

Les Roulottes (ou : Les gens du voyage)the-starry-night-1888-2

Halte-là, gens du voyage
qui battez la campagne,
perdus entre ciel et terre:
pourquoi ne pas prendre racines?

Ils passent comme des ombres
sur une musique de cirque.
Ils passent comme des fantômes
qu’on épie, critiques,
peut-être avec un brin d’envie?

                                                                                                 
Ce ne sont que saltinbanques van1
voleurs de poules, voleurs d’enfants.
Ils n’ont pas de foyer
sinon celui d’un feu de joie
autour duquel ils chantent
et ils dansent , insouciants.
S’ils n’ont pas de terre,
eux ont une famille et sont fiers
de vivre au grand air,
la guitare à la main,
roulant tout autour de la Terre…

Commentaires sur: "Poésie: Les Roulottes de Van Gogh (suite et fin)" (5)

  1. Eléonore a dit:

    Romanichelle

    Je n’ai pas oublié
    ces guenilles bariolées
    s’égouttant au vent
    sur un fil de barbelé
    et cette vieille haridelle
    arrachant à pleines dents
    l’herbe maigre du fossé

    Je n’ai pas oublié
    à la patte-d’oie
    une roulotte arrêtée
    une chaise boiteuse dépaillée
    des mains brunes tresseuses d’osier

    Je n’ai pas oublié
    ces gamins en ribambelles
    ces va-nu-pieds barbouillés
    courant et criant dans le carroi
    se mouchant dans leurs doigts
    fouillant le tas de graviers

    Je n’ai pas oublié
    sous les paniers de joncs
    se frottant au long jupon
    les cheveux ficelles
    d’une petite romanichelle

    Non !
    sur mon chemin d’écoliers
    je n’ai pas oublié
    cet air si bon
    de liberté

  2. jane a dit:

    Je trouve ce poème magnifique et écrit à la manière de Van Gogh, par petites touches qui nous font toucher du doigt un bel instant pris sur le vif.
    bravo Eleonore !

    • Eléonore a dit:

      Merci Jane, oui je garde une grande nostalgie de ces anciennes familles de Rominichels qui campaient à la patte-d’oie d’un carroi tout près de mon village. Ainsi, j’ai pu les observer. Le temps du campement les enfants venaient à l’école communale et malgré les recommandations de ne pas s’approcher d’eux (pour ne pas attraper de poux) personne n’a pu m’empêcher de jouer avec eux … et je n’ai pas oublié leur regard …

  3. Mouette rieuse a dit:

    LES GITANS

    D’où viens-tu gitan?
    Je viens de Bohême
    D’où viens-tu gitan?
    Je viens d’Italie
    Et toi beau gitan?
    De l’Andalousie
    Et toi, vieux gitan, d’où viens-tu?
    Je viens d’un pays qui n’existe plus

    Les chevaux rassemblés
    Le long de la barrière
    Le flanc gris de poussière
    Les naseaux écumants

    Les gitans sont assis
    Près de la flamme claire
    Qui jette à la clairière
    Leurs ombres de géants

    Et dans la nuit monte un refrain bizarre
    Et dans la nuit bat le coeur des gitans

    C’est le chant des errants
    Qui n’ont pas de frontière
    C’est l’ardente prière
    De la nuit des gitans

    Où vas-tu gitan?
    Je vais en Bohême
    Où vas-tu gitan?
    Revoir l’Italie
    Et toi, beau gitan?
    En Andalousie
    Et toi vieux gitan, mon ami?
    Je suis bien trop vieux, moi je reste ici

    Avant de repartir
    Pour un nouveau voyage
    Vers d’autres paysages
    Sur les chemins mouvants

    Laisse encore un instant
    Vagabonder ton rêve
    Avant que la nuit brève
    Le réduise au néant

    Chante gitan ton pays de cocagne
    Chante gitan ton château en Espagne

    C’est le chant des errants
    Qui n’ont pas de frontière
    C’est l’ardente prière
    De la nuit des gitans

    Les Compagnons de la Chanson
    Paroles de Pierre Bour

  4. A reblogué ceci sur Maître Renard.

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