La preuve que le peintre se sent proche des gens qu’il peint, c’est que son regard est intégré à la scène, que sa présence perturbe cette famille et les chevaux sous un soleil écrasant.
A gauche le cheval nous regarde comme s’il avait détecté cette présence étrangère. L’enfant de droite va rejoindre sa mère comme pour l’alerter sur la venue du peintre. L’homme qui tient le brancard du chariot rouge sembe avoir arrêté son geste et l’adolescent d’à côté lui aussi regarde vers nous.
Quant à la composition du tableau, elle s’organise en forme d’arc depuis la croupe du cheval de gauche jusqu’à la tête penche du cheval de droite , en passant par le toit de la roulotte centrale. Cela donne une impression d’intimité, de rassemblement qui va jusqu’au regard de l’artiste.
Dernier élément qui intégre Vincent Van Gogh à la scène: la manière de peindre elle-même. Ce tableau a sans doute été peint très rapidement, avec une intensité d’autant plus forte. C’est un premier jet, volontairement donné avec une perfection d’aquarelliste, la volonté de ne pas retravailler, de rester dans l’immédiat, dans le contact direct entre Van Gogh et son sujet. Van Gogh relie donc par tous les moyens ces nomades avec lui-même.
En guise d’hommage…
Les Roulottes (ou : Les gens du voyage)
Halte-là, gens du voyage
qui battez la campagne,
perdus entre ciel et terre:
pourquoi ne pas prendre racines?
Ils passent comme des ombres
sur une musique de cirque.
Ils passent comme des fantômes
qu’on épie, critiques,
peut-être avec un brin d’envie?
Ce ne sont que saltinbanques
voleurs de poules, voleurs d’enfants.
Ils n’ont pas de foyer
sinon celui d’un feu de joie
autour duquel ils chantent
et ils dansent , insouciants.
S’ils n’ont pas de terre,
eux ont une famille et sont fiers
de vivre au grand air,
la guitare à la main,
roulant tout autour de la Terre…
Commentaires sur: "Poésie: Les Roulottes de Van Gogh (suite et fin)" (5)
Romanichelle
Je n’ai pas oublié
ces guenilles bariolées
s’égouttant au vent
sur un fil de barbelé
et cette vieille haridelle
arrachant à pleines dents
l’herbe maigre du fossé
Je n’ai pas oublié
à la patte-d’oie
une roulotte arrêtée
une chaise boiteuse dépaillée
des mains brunes tresseuses d’osier
Je n’ai pas oublié
ces gamins en ribambelles
ces va-nu-pieds barbouillés
courant et criant dans le carroi
se mouchant dans leurs doigts
fouillant le tas de graviers
Je n’ai pas oublié
sous les paniers de joncs
se frottant au long jupon
les cheveux ficelles
d’une petite romanichelle
Non !
sur mon chemin d’écoliers
je n’ai pas oublié
cet air si bon
de liberté
Je trouve ce poème magnifique et écrit à la manière de Van Gogh, par petites touches qui nous font toucher du doigt un bel instant pris sur le vif.
bravo Eleonore !
Merci Jane, oui je garde une grande nostalgie de ces anciennes familles de Rominichels qui campaient à la patte-d’oie d’un carroi tout près de mon village. Ainsi, j’ai pu les observer. Le temps du campement les enfants venaient à l’école communale et malgré les recommandations de ne pas s’approcher d’eux (pour ne pas attraper de poux) personne n’a pu m’empêcher de jouer avec eux … et je n’ai pas oublié leur regard …
LES GITANS
D’où viens-tu gitan?
Je viens de Bohême
D’où viens-tu gitan?
Je viens d’Italie
Et toi beau gitan?
De l’Andalousie
Et toi, vieux gitan, d’où viens-tu?
Je viens d’un pays qui n’existe plus
Les chevaux rassemblés
Le long de la barrière
Le flanc gris de poussière
Les naseaux écumants
Les gitans sont assis
Près de la flamme claire
Qui jette à la clairière
Leurs ombres de géants
Et dans la nuit monte un refrain bizarre
Et dans la nuit bat le coeur des gitans
C’est le chant des errants
Qui n’ont pas de frontière
C’est l’ardente prière
De la nuit des gitans
Où vas-tu gitan?
Je vais en Bohême
Où vas-tu gitan?
Revoir l’Italie
Et toi, beau gitan?
En Andalousie
Et toi vieux gitan, mon ami?
Je suis bien trop vieux, moi je reste ici
Avant de repartir
Pour un nouveau voyage
Vers d’autres paysages
Sur les chemins mouvants
Laisse encore un instant
Vagabonder ton rêve
Avant que la nuit brève
Le réduise au néant
Chante gitan ton pays de cocagne
Chante gitan ton château en Espagne
C’est le chant des errants
Qui n’ont pas de frontière
C’est l’ardente prière
De la nuit des gitans
Les Compagnons de la Chanson
Paroles de Pierre Bour
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